A toi mon cher Florian Ngimbis
Mon cher Florian Ngimbis, j’ai toujours souhaité rédiger ce billet pour plusieurs raisons. Je les garde pour moi. Le Cameroun est un pays riche et béni. Seulement, il y a une mauvaise politique de gestion de cette richesse, de même qu’une mauvaise mise en valeur et non reconnaissance de cette bénédiction. Au Cameroun qui reste et restera le Cameroun, quel que soit lambda il y a des richesses, des valeureux hommes de référence qui sortent du lot.
Parmi les références camerounaises mondiales, Samuel Eto’o, légende des Lions indomptables, mais le Camerounais le plus connu dans le monde est Roger Milla, le vieux Lion dont la sagesse n’est jamais prise en compte ; Manu Dibango, Petit pays, Richard Bona ; le ministre canadien de la Culture Maka Kotto ; le mythe des télécommunications Ernest Simo ; Arthur Zang et Ismaël Nzouetom qui ont participé à la révolutionné le monde des TIC, sont toujours en avant lorsqu’il faut parler du Cameroun. Du moins ce sont ceux que les grands admirateurs du Cameroun connaissent, sans doute parce qu’ils sont en avant dans les médias. On a toujours ignoré, à quelques communautés numériques près, qu’il existait, au même pallier, un certain Florian Ngimbis, toi. Aujourd’hui, j’ai l’audace de te rendre un hommage « un genre un genre ». Mieux vaut que tu le saches quand tu es encore en vie.
Nul n’ignore que lorsqu’on parle de blogging au Cameroun de nos jours, ton nom est le premier à être cité. Pas parce que tu es le président de la Communauté des Blogueurs Camerounais (CBC), mais parce que tu es le « 9 ». Je me contente du terme « vedette ». Nul n’ignore que lorsqu’on parle de « Kongossa », tu es le repère, toi le « kongosseur » en chef qui a dépassé les femmes, ex-tenantes principales de cette activité. L’on n’a qu’à se rendre sur ton blog Kamer Kongossa pour faire le constat. Tes billets sont les plus lus, pas parce que les citoyens du monde sont des férus du kongossa, mais parce que tu as cette habile facilité de captiver et d’attirer l’attention de tes lecteurs et aussi de les fidéliser. D’ailleurs, grâce à toi, même les Blancs connaissent le kongossa. Ton style et ta simplicité dans la transmission de tes différentes histoires ont inspiré plusieurs blogueurs.
Mon cher Florian Ngimbis, si je pense que tu dois être considéré au même titre que tous ceux que j’ai cités plus haut, c’est pour plusieurs raisons. Vous avez, à quelques différences et exceptions près, presque le même parcours. Vous avez tous commencé au pays. Je crois même que tu fais mieux qu’eux. Tu as fait tes études, tu vis et tu gagnes ton pain au Cameroun, et cerise sur le gâteau, tu as une reconnaissance internationale. Vous êtes peu nombreux au Cameroun à avoir réalisé cet exploit. Même Petit Pays n’a pas fait mieux que toi. Il a dû faire un tour en Europe. Sans commentaires.
A l’international, tu as été le Prix du jeune écrivain francophone en 2008, Prix du meilleur blog francophone The BOBs en 2012. Bref, je ne suis pas là pour parler de tes prix. C’est juste qu’aucune référence à Mondoblog ne peut se faire sans le « kongosseur » que tu es. Tous ceux qui ont assisté à la formation de Dakar savent de quoi je parle. Et dans ton pays alors ? Presque rien. Je ne pouvais rester insensible à cela.
Comme on le dit souvent, nul n’est prophète chez soi. Au Cameroun, dans ton pays, tu passes incognito. Seuls les vrais savent qui tu es. Tu es une valeur presque négligée. Je ne souhaite pas créer une polémique. Si seulement « ils » pouvaient savoir quelle influence tu as sur Internet en ce 21ie siècle où le numérique est à la fois une arme, une bombe et un continent d’opportunités. Je sais que tu as toujours souhaité vivre ta simplicité. Boire tes Castel ou tes 33 à tes heures voulues, emprunter ton takesh (taxi) sans gêner quelqu’un, faire tes « mapanes » tranquillement sans te faire repérer et crier dessus par des groupies. Je me préserve de parler de ton statut de « homolianus ». Sache tout simplement que certains Camerounais reconnaissent ta valeur.
Mon cher Florian Ngimbis, J’ai toujours considéré les hommages comme le témoignage d’une certaine reconnaissance. A la communauté universitaire à laquelle j’appartiens en tant qu’apprenti disciple, en rendant hommage, on salue l’ensemble du travail et de l’idéologie scientifique d’un penseur. Chez nous les historiens, nous rendons hommage aux personnes qui, de près ou de loin, ont marqué d’une quelconque empreinte leur temps. Chez moi en Afrique « traditionnelle », on rend hommage aux personnes sages qui ont, avec de nombreux sacrifices, assuré la pérennité d’une famille. Celles-ci sont appelées « ancêtres ».
Aujourd’hui je te rends hommage par reconnaissance à ce que tu fais pour l’image numérique du Cameroun. Je te rends hommage parce que je respecte tout le travail que tu abats pour que le kongossa ait un sens. Je te rends hommage pour toutes ces actions que tu as menées avec les blogueurs camerounais : #RememberUmNyobe hier, #StopBokoHaram aujourd’hui ; demain nous réserve certainement beaucoup d’autres. Je te rends hommage parce que chez moi, on le fait beaucoup plus pour les vivants que pour les morts. Je te rends surtout hommage parce que tu es, dans ton domaine, un sage même si tu n’as que 33 ans. Ah j’avais oublié cela !
Ton 33e anniversaire n’est qu’un prétexte. Joyeux anniversaire quand même. Je te souhaite mille et une choses à la hauteur de ta vie. Mon cher Florian Ngimbis, comme ton âge, j’aurais pu t’offrir une palette de 33 Export avec une liane « un genre un genre » pour te le livrer, mais je ne l’ai pas fait. Je te demande une faveur : reçois ces hommages qui viennent de Dschang comme cadeau d’anniversaire.
Marius M. FONKOU
Dschang le 10 février 2015
Lire aussi cet entretien de Florian Ngimbis avec Nathalie Mbenda K.
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