Afrique : Ces habitudes qui ont disparues ou se portent mal depuis la mort de Kadhafi
Nous sommes le 20 octobre 2014. Aujourd’hui, c’est la journée mondiale des cuisiniers. De ce fait, je rends hommage à toutes ces femmes qui nous séduisent au quotidien par leurs talents culinaires…Et pourtant ce n’est pas le sujet du jour.
Il y a de cela 3 ans, le colonel Mouammar Al Kadhafi, était lâchement et froidement assassiné. Celui dont le nom signifiait « Messager du désert », qui avait passé plus de 40 ans au pouvoir trouvait la mort pendant une piteuse révolution entachée à tête chercheuse. Au moment où certains citoyens du monde rendent hommage au feu guide de la Jamahiriya libyenne, une question me hante l’esprit : qu’est ce qui n’existe plus ou qu’est ce qui va mal depuis que Kadhafi a été tué ? Dans ce billet, j’ai essayé de recenser cinq habitudes et projets auxquels le guide nous avait habitués et que nous avons perdus de vue ou qui stagnent depuis le 20 octobre 2011.
Le palais des congrès de Syrte
Le palais de congrès de Syrte était le lieu par excellence des rencontres des dirigeants africains. Construit par le guide, ce palais était le symbole du renouveau de l’Union africaine. Ce palais a été bombardé pendant la crise libyenne par les forces de l’OTAN. De nos jours, on n’en parle plus. Syrte, ville natale du guide de la révolution libyenne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ceci m’avait déjà poussé à dire en 2011 que les pays de l’Union Africaine ne comptaient pas pour les nouveaux dirigeants de la Libye.
Les tentes du guide
Kadhafi avait la réputation de toujours se déplacer avec ses tentes, ce qu’aucun autre dirigeant du monde ne pouvait avoir l’audace, le courage, encore moins l’outrecuidance de faire. On se rappelle encore de ses visites officielles à Washington chez Obama et à Paris chez Sarkozy. Sous sa tente partout où il passait et où il avait l’habitude de recevoir des invités, le Messager du Désert donnait l’impression d’être un homme simple, ouvert et courtois. Dommage, j’aurais souhaité qu’il installe sa tente un de ces jours au boulevard du 20 mai à Yaoundé. Mais hélas.
« Le guide de la Révolution »
Le colonel Kadhafi n’avait jamais souhaité qu’on l’appelle président de la Libye. Il répondait et se présentait toujours comme le guide de la révolution libyenne. Guide, il l’a été depuis ce jour du 08 septembre 1969 pendant lequel, jeune officier de l’armée libyenne ayant dirigé la révolution qui renversa le roi Idris, il fut élevé au grade de colonel. C’est à la suite de celle-ci que fut instauré la Jamahiriya en Libye. Depuis qu’il est mort, nous n’avons plus entendu parler de guide de la révolution dans un pays au monde.
La Jamahiriya, le livre et le drapeau vert de la Libye
Sous Kadhafi, l’Etat libyen avait un nom : la Jamahiriya. C’était une forme d’Etat islamique à la tête duquel on trouvait un guide, Kadhafi. C’était son invention démocratique. Les principaux fondements de la Jamahiriya étaient contenus dans son livre vert, livre dans lequel Kdhafi avait détaillé sa vision démocratique et politique de la Libye. C’était la véritable constitution de la Jamahiriya. Aujourd’hui, le livre vert a été remplacé par une constitution.
La particularité du drapeau de la Libye sous Kadhafi est qu’il était entièrement vert. Ce drapeau symbolisait l’islam et la révolution du peuple selon Kadhafi. Il est aussi le symbole du livre vert. ce drapeau était le seul drapeau uniforme au monde. Aujourd’hui, il a été remplacé par un autre apparu aux premières heures de la révolution. Il était brandi par les membres du conseil national de transition.
Le Fonds Monétaire africain
S’il y a un projet qui a reçu un coup de ralentissement par la mort du guide libyen, c’est la mise sur pied du Fonds Monétaire Africain (FMA). Le FMA devait contribuer à la stabilité économique et à la gestion de la crise financière en Afrique, en donnant la priorité aux développements macroéconomique et des entreprises, ainsi qu’en favorisant les échanges entre les États d’Afrique. Son lancement prévu depuis le 15 mars 2012 à Yaoundé connait des reports répétitifs. Cependant, quelques garanties sur sa mise en place effective et son fonctionnement futur sont présentées par les responsables de l’Union africaine qui ont adoptés ces statuts il y a quelques mois à Malabo. Le siège du FMA est à Yaoundé et le coordonnateur, Jean Marie Gankou, brillant économiste camerounais.
Voilà pour moi quelques habitudes et projets qui ont disparu ou reçu un coup de massue avec la mort du guide de la révolution libyenne. Je n’ai pas voulu revenir sur certaines choses qui sont évoqués à longueur de journées par certaines chaines de télévision. Je souhaiterai juste rendre un hommage à Kadhafi qui a beaucoup fait pour l’Afrique, mais qui n’était pas un saint.
Yaoundé le 20 octobre 2014
Marius M. FONKOU
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